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Billet d'humeur : Pourquoi j’aurais préféré lire Percy Jackson plutôt qu’Harry Potter étant enfant

Augustine Capart

De gauche à droite : les héros de la saga cinématographique (2001-2011) Harry Potter , Ron Weasley (Rupert Grint), Harry Potter (Daniel Radcliffe), et Hermione Granger (Emma Watson) et les héros de la série télévisée Percy Jackson (2023), Annabeth Chase (Leah Sava Jeffries), Percy Jackson (Walker Scrobell) et Grover Underwood (Aryan Simhadri)

Crédits photographiques : Warner Bros et Disney +/Montage : Augustine Capart

               Alors que J.K. Rowling publie un énième tweet transphobe, je me souviens de mes lectures d’enfance et je regrette d’avoir choisi Harry Potter comme l’une des premières séries de romans vers lesquelles j’ai développé un attachement. Si cela n’avait pas été le cas, j’aurais peut-être eu moins de peine à me détacher de cet univers si cher à mes yeux, mais dont la créatrice est éminemment problématique. Alors je me tourne vers Percy Jackson, que j’ai commencé à lire sur le tard, alors que les premiers romans sont arrivés dans le monde en même temps que moi. Bien évidemment, les deux séries de livres ne sont pas strictement comparables, en particulier dans leur succès (plus de 500 millions d’exemplaires vendus pour Harry Potter, environ 180 millions pour Percy Jackson), et dans leur univers, sachant que Percy Jackson se ramifie en plusieurs cycles et séries parallèles comme les Kane Chronicles et Magnus Chase. 

                  On peut cependant rapprocher ces deux sagas par leurs intrigues similaires : un héros qui ne devrait pas être en vie découvre qu’il est l’élu d’une prophétie, possède des pouvoirs et affronte une série d’épreuves avec une fille et un garçon (enfin un satyre pour Grover). Ils passent pour cela par un apprentissage, dans une école/camp d'entraînement. Pourtant, les dynamiques entre personnages ne sont pas les mêmes : il n’y a pas de «bataille» ou de jalousie entre les deux protagonistes masculins pour Annabeth, qui n’est jamais « déchirée » entre deux personnes comme c’est le cas non seulement dans Harry Potter, mais plus largement dans les œuvres de fantasy et les dystopies destinées aux adolescents. La narration change elle aussi, et c’est peut-être là ce qui sépare l’œuvre de Rowling et de Riordan : Percy Jackson est à la 1ère personne, et pas n’importe laquelle. Une 1ère personne qui sait faire preuve d’humour, de remise en question et d’autodérision. Je ne dis pas qu’Harry Potter n’est pas drôle, mais plutôt qu’il se prend trop au sérieux. Dans les derniers tomes, j’en arrivais presque à ne plus le supporter. Harry occupe ses journées à repousser ses seuls amis puis à se lamenter sur sa solitude. Il a des sautes d’humeur, a pleinement compris son statut d’élu et en abuse abondamment en n’écoutant que lui. 

 

             

 

 

 

 

             

 

 

 

             

 

 

             

 

              Les principaux personnages comiques de la saga des sorciers sont les frères Weasley, et ils n’ont une place importante que dans le cinquième tome, lorsqu’ils s’opposent à Ombrage (et c’est probablement la raison pour laquelle il s’agit de mon tome préféré). Ils sont le reste du temps une sorte de décompresseur comique à la tension de l’intrigue, rien de plus. Je ne dis pas non plus que Percy Jackson n’est pas sérieux : au contraire, les tomes abordent des thèmes difficiles comme l’abandon par les parents, le deuil… Mais aussi la violence et la discrimination que subissent les personnages dans leur diversité et à cause de celle-ci, sachant que d’emblée tous les demi-dieux ont canoniquement un TDAH (Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité). Le Riordanverse, au fur et à mesure de son expansion, a mis en scène de nombreuses minorités, dans des représentations beaucoup moins clichées que celles de Rowling (qui a tout de même appelé son personnage d’origine asiatique Cho Chang), et qui ne constituent pas l’entière personnalité des protagonistes ou antagonistes. C’est dans Percy Jackson que j’ai lu l’un des premiers coming out gay explicite ; le personnage ayant eu ensuite un livre entier dédié à ses aventures avec son petit ami (Le Soleil et l’Étoile, co-écrit avec Mark Oshiro). C’est dans Magnus Chase que j’ai trouvé ma première représentation de personnages musulmans (Samirah Al-Abbas), sourds (Hearth) et genderfluids (Alex Fierro). 

           

             

 

 

 

 

 

             

 

               

 

             Harry Potter fournit des métaphores et des situations qui peuvent amener les lecteurs à devenir plus critiques, plus tolérants. On peut prendre l’exemple de la Société d’Aide à la Libération des Elfes (SALE) fondée par Hermione, qui questionne l'interventionnisme, le travail forcé et l’esclavage. L’impact positif de la saga a même été étudié - en Italie par Loris Vezzali («The greatest magic of Harry Potter : Reducing prejudice : Harry Potter and attitudes toward stigmatized groups», Journal of Applied Social Psychology, 2015). L’apprentissage de la tolérance dans Percy Jackson se passe lui de toute métaphore et allusion passagère (la SALE est peu récurrente, et n’est même pas conservée dans les films) et passe directement à travers ses personnages. 

 

           J’ai aimé mon enfance entourée d’Harry Potter, mais j’aurais aussi aimé avoir Percy Jackson à mes côtés pour me comprendre et comprendre les autres plus tôt. Pour être engagée plus tôt. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui les deux sagas sont côte à côte sur une étagère de ma bibliothèque, elles ont accompagné une multitude d’enfants vers l’âge adulte, et, au moins, une partie d’entre eux apprécient toujours l’écrivain derrière ces œuvres. 

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A Berlin (Allemagne), sortie du livre Harry Potter et les Reliques de la mort (2007)

Crédits photo : Getty Images, Andreas Rentz

Rencontre au Fox Theatre (Redwood City, Californie, Etats-Unis) avec Mark Oshiro et Rick Riordan pour la sortie de The Court of the Dead

Crédits photographiques : @markdoesstuff sur Instagram

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